Chapitre 3 partie 2.

Armand jette un regard assez froid à son cousin. Sa droiture lui interdit de lui loger une balle entre les deux yeux, il la maudit parfois, cette conscience qui lui ordonne de n'en rien faire et de veiller à ses débordement, alors qu'ils entrent là où vivent ceux qu'on appelle les Quileutes. 

"- Pas d'ironie ? l'interroge Lucius. J'ai fais le bien après tout ?

Il ajoute, fier de son bagoût devant le silence d'Armand.

"-J'aurais pensé que ma chère cousine serait là elle aussi. 

" Elle m'était destinée, je te rappelle. Elle me revient de droit, pour ne pas briser le Clan..."

C'est bien trop qu'Armand ne peut en entendre.

Il tourne soudain son regard vers l'homme qui profère de telles énormités, et son iris rougeoit de colère, croisant les yeux soudain hébétés de Lucius. Ce dernier tressaille. Il ne peut pas prendre une inspiration habituelle, et quand seulement battre des paupières lui devient aussi douloureux que soulever une montagne, les mots d'Armand lui parviennent aussi lointain que dans un cauchemar.

"... Prend cet avertissement comme une bénédiction, Armand tonne. Si elle apprend ce que tu veux d'elle, bien douce sera la mort en comparaison.

- Pourquoi craindrai-je une femme. Et qui te dis qu'elle ne sera pas en sécurité auprès de moi plutôt qu'auprès de ce lâche d'Enzo??

Armand relâche sa pression sur Lucius qui halète au sol, en nage et écarlate, les cheveux épars sur son visage.

" Change- toi et va te laver. Tu empestes la peur. Et un Visconti ne sent que le courage et la hardiesse."

Humilié, Lucius disparaît dans la Mercedes en hurlant sur son chauffeur qui penaud prend le chemin du retour.

Une moto noire fait soudain entendre son vrombissement familier, et s'arrête dans la cour, non loin d'Armand. 

Les hommes respondables de la meute font leur entrée au même moment pour saluer ce dernier et l'un d'entre eux, le plus vieux, assis sur un fauteuill en osier qui a du voir au moins autant d'étés que lui, observe le conducteur du rugissant deux-roues.

LA conductrice. Qui libère d'épais flots de cheveux blonds en ôtant son casque noir à visière teintée. L'Odeur. Elle est bien là. Il n'y a aucun doute. Ce mélange de calme et de sauvagerie, de jeunesse et d'expérience, de sereine fougue. L'odeur des Visconti inspirait confiance, à son sens mais la sienne avait été comme mélangée à une seconde présence, comme si quelque chose avait pu entraver son être et le tourmenter au point de modifier un tant soit peu, les caractères génétiques de sa "race". 

Sam se retourne vers le Vieux.

Celui-ci hoche la tête d'un air rassuré. Armand se tourne vers Sofia.

" Si tu es prête allons y, ma soeur. 

" La confiance dont vous nous honorez est précieuse à nos yeux. Sachez que nous apportons la parole de nos frères, vivants ou tombés dans l'exercices de nos fonctions.

- Pas la paroles des sorciers ? interroge Sam, intrigué.

- Nous préférons le terme d'alchimistes. 

" Nous agissons en électrons libres depuis que leurs considérations politiques et morales ne nous conviennent plus. Cela représente-t-il un quelconque problème à vos yeux ?

- Non, répond Billy Black , serrant chaudement la main d"Armand Visconti. Non. Soyez les bienvenus à la Réserve. Mademoiselle,  il dit poliment en tendant sa main.

Main qu'elle ne serre pas. Elle se contente de hocher la tête . Sam regarde Billy, puis Armand, puis la jeune femme .

"- On ne mord personne, sous cette forme là, il ricane.

- N'en soyez pas heurtés, Sofia est aussi enchantée que moi d'être là, cependant, sa sensiblité tactile est telle actuellement que le moindre contact pourrait lui permettre de tout savoir de vous. Jusqu'aux pensées sans doute un peu trop intimes. Elle vous épargne cela bien volontiers...

- Je n'ai rien à cacher, dit Sam, serrant malgré tout sa main gantée.

Claudia tressaillit légèrement, il sent sa main se crisper puis plus rien. 

"- Si on doit aller au charbon ensemble, autant prendre connaissance les uns des autres, non ? il dit à Sofia

Le visage impassible, elle hoche la tête.

Dans sa tête, il entend sa voix s'élever, douce, mais bien présente.

" Surprenez nous. Nous n'attendons que cela."